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11.01.2023

L’importance du jeu dans le développement de l’enfant de 1 à 3 ans

Si le jeu peut sembler futile, il est pourtant l’activité la plus sérieuse chez les tout-petits. Les théories sur son importance dans le développement de l’enfant n’ont cessé de se développer depuis le début du XXᵉ siècle, notamment chez les psychanalystes. Freud, père de la psychanalyse, est le premier à s’intéresser au jeu chez l’enfant et à le lier à la notion de plaisir, en observant son petit-fils Ernst répéter le jeu de la bobine.

Sa fille, Anna Freud, reprend l’idée dans laquelle la construction psychique de l’enfant suit une succession de stades. Elle développe aussi le schéma dans lequel l’enfant passe du corps au jeu et du jeu au travail : le jeu est d’abord une activité érotique incluant la bouche, avant que les propriétés du corps soient transférées sur un objet mou « transitionnel ». Puis le jeu devient une répétition d’activités comme remplir, vider, emboîter, qui témoignent selon elle d’un intérêt porté aux parties du corps et de leurs fonctions. Ensuite, le jeu dit « mobile » devient une source de plaisir en soi avec l’utilisation par l’enfant de sa motricité et l’expérience de sa propre liberté de mouvement. Enfin, le jeu de construction porte le plaisir de l’enfant sur le résultat, permettant à l’enfant d’intégrer tous les mécanismes le rendant apte plus tard au travail.   

Contemporain d’Anna Freud, Winnicott, pédiatre et psychanalyste britannique, se démarque par ses thèses en voyant dans le jeu chez l’enfant un développement affectif, où se construisent les mécanismes de l’attachement. À ses yeux, le jeu chez l’enfant vient de son expérience entre le plaisir, grâce à la présence de la mère, et le déplaisir, par l’absence de la mère. L’expérience de manque chez le tout-petit lui fait développer de premières images pour compenser et créer un espace symbolique et imaginaire rassurant. Il cherche à se « maintenir » à la fois séparé et relié à sa mère. C’est dans cet espace imaginaire que se développent les activités comme le langage, le jeu et plus tard, les activités culturelles. Ainsi, le jeu, pour Winnicott, est un des passages fondamentaux pour atteindre l’autonomie affective de l’enfant. 

Pour sa part, Piaget, biologiste et psychologue, avance l’idée du jeu comme partie intégrante du développement intellectuel de l’enfant. Le jeu est alors le moyen de s’informer sur son environnement, pour affermir et étendre ses connaissances et ses capacités. Il y décrit trois périodes : 

  • La période sensori-motrice de 0 à 2 ans, au cours de laquelle l’enfant joue avec ce qui est en contact direct avec lui.
  • La période représentative de 2 à 6 ans, au cours de laquelle l’enfant se détache de son environnement direct et peut s’aventurer dans l’imaginaire, « faire semblant ». 
  • Enfin vient la période sociale de 7 à 11 ans, caractérisée par les jeux à règles, les jeux de société. 

Wallon, psychologue et médecin français, aborde le jeu davantage comme un processus de développement global, au cours duquel le jeune enfant va construire sa personnalité, son identité en s’affirmant de plus en plus aux autres :« L’enfant en jouant révèle ses goûts et ses besoins ».

Les neurosciences s’intéressent également au jeu. Des cognitivistes comme Howard ou encore Brougère s’accordent également à considérer le jeu comme un élément essentiel dans la construction de soi sur le plan social, intellectuel, moteur et affectif. Sont notamment intégrés grâce au jeu les règles en société, les prises d’initiative, le langage, les représentations spatiales, le développement de la motricité fine. 


L’éveil sensoriel par le jeu

L’éveil sensoriel correspond au stade sensori-moteur du développement de l’enfant, de la naissance à ses deux ans. Cette notion a été mise en avant par Piaget. À ce stade, l’enfant explore son environnement en utilisant son corps et le jeu lui permet de comprendre ses propres capacités d’action sur le monde autour de lui. Il ne joue qu’avec ce qui est permanent autour de lui. 

Par le jeu, le tout-petit se découvre lui-même et explore son environnement grâce aux activités développant ses sens : l’audition, la vue, l’olfactif, le gustatif, le kinesthésique, la proprioception et bien d’autres. 

Stimuler le toucher par le jeu

Le toucher est le premier sens à apparaître chez le fœtus. C’est par lui que l’enfant a ses premières perceptions du monde. Ses jouets le stimulent. La peau, les mains et la bouche sont les parties les plus sensibles. Lui apporter des matières différentes (des couvertures douces) ou des livres sensoriels (faits de plusieurs éléments) lui permettront de découvrir les nuances du toucher.

Autre chose, le fait de porter ses jouets à la bouche est naturel pour le petit enfant, car c’est une partie du corps particulièrement riche en sensation. Par elle, il y découvre les goûts, mais aussi les textures. C’est essentiel pour sa découverte des objets et le développement de ses connaissances. Vous pouvez jouer avec les textures de la nourriture selon l’âge de l’enfant : lui montrer que la purée se fond dans la cuillère, que les fraises s’écrasent sous la fourchette, que le pain croustille… 

À partir de 1 an et jusqu’à 3 ans, la manipulation du sable et de la pâte à modeler sont d’excellents moyens pour développer le toucher du bébé, tout en faisant preuve de créativité et d’ingéniosité. Dès qu’il commence à parler, il est recommandé de lui proposer des activités sensorielles et des devinettes sur les matières pour l’inviter à réfléchir sur ce qu’il effleure : la table est-elle rugueuse ou douce ? Le pull est-il lisse ou piquant ?

Stimuler le goût par le jeu

Dès sa naissance, l’enfant perçoit l’ensemble des goûts : salé, amer, acide, sucré, avec une forte préférence pour ce dernier, très présent dans le lait de sa mère.  À partir de 6-7 mois et avec la diversification alimentaire, il découvrira plus de saveurs et commencera à apprécier le salé. Il est important alors de lui présenter un à un et plusieurs fois les mêmes aliments pour éduquer peu à peu son goût. 

Pour maintenir et développer ce plaisir du goût, une multitude de propositions culinaires peuvent être faites de façon ludique et créative avec le tout-petit. À travers des recettes de gâteaux à thèmes, de devinettes d’aliments, des réalisations d’assiettes étonnantes ou des plateaux composés de différentes saveurs. Pourquoi ne pas lui préparer des framboises au bout des doigts ou faire des marionnettes avec des aliments ? Vous pouvez aussi lui raconter une histoire autour du plat, comme le volcan de beurre dans la purée de pommes de terre. 

Stimuler la vue par le jeu

La vue, quant à elle, est l’un des sens qui évolue le plus durant les premières années de vie. Le nourrisson, jusqu’à ses trois mois, possède un champ de vision très réduit (au-delà de 20-30 cm, sa vision est floue) et il ne parvient pas à distinguer les couleurs. Il voit cependant les formes et les contrastes. Il va apprécier fixer son regard sur un objet et à partir de 3 mois, sera capable de tourner la tête. Vous pouvez l’aider à développer son cou en faisant bouger des objets autour de lui. Proposez-lui aussi des livres et des objets aux couleurs très contrastées pour qu’il les observe, invitez-le à observer des ballons colorés accrochés pour qu’il concentre le mouvement de ses yeux sur ces objets.

L’enfant n’atteindra une acuité proche de celle de l’adulte que vers l’âge de 2 ans.  L’aménagement de l’espace est alors important pour favoriser l’autonomie du tout-petit avec des jouets accessibles. Le jeune enfant va développer sa coordination main-œil à travers les jouets qu’il va manipuler : faire des tours, des encastrements, des transvasements, etc.. Par le jeu, l’enfant se concentre sur une vision proche. Pour développer sa vue, il est alors important de se promener en plein air, d’observer l’horizon, de proposer des jeux colorés comme des cubes de différentes tailles et couleurs. On peut aussi lui proposer des livres sensoriels ou encore des jeux de société adaptés, qui dès 2 ans, demandent d’associer les bonnes couleurs au modèle. Utiliser un miroir comme jeu peut aussi être une bonne idée, lors des changements de couches.

Par ailleurs, la capacité à communiquer visuellement peut faire l’objet d’un jeu passionnant : de nombreux parents expérimentent, avec succès, l’apprentissage du langage des signes pour bébé !

Stimuler l’audition par le jeu

L’ouïe est un sens qui existe déjà dès la trentième semaine de grossesse. C’est aussi pour cela que l’enfant, dès sa naissance, est capable de reconnaître la voix de sa mère. Les bébés vont généralement préférer les sons graves et il entendra mieux qu’il ne verra jusqu’à ses neuf mois. Vous le verrez réagir aux bruits par le clignotement d’yeux, le changement d’expression, et il saura trouver l’orientation des sources de bruits. Les comptines pourront l’apaiser. Dès ses trois mois, il sera sensible aux jouets sonores. C’est à cet âge-là que les comptines comme « Au galop » le feront rire.

D’autres moyens existent pour stimuler l’audition de l’enfant, comme lui faire écouter différentes musiques, lui proposer des jeux sous forme d’instruments de musique pour tout-petits, comme de petits tambours. On peut aussi lui lire des histoires, ou encore, tout simplement, imiter les différents sons du quotidien, aussi bien ceux qui existent à l’intérieur de la maison que ceux de l’extérieur, comme ceux des animaux.

Stimuler l’odorat par le jeu

Présent dès la naissance, l’odorat du bébé lui permet de reconnaître l’odeur de sa mère, ce qui le sécurise. Ce sens joue un rôle profond dans l’attachement. Il va rapidement reconnaître les parfums associés à des éléments familiers (comme le bois de la maison dans laquelle il grandit ou les odeurs de cuisine). Vous pouvez observer son visage pour savoir s’il apprécie les arômes de fraises ou de vanille. 

L’odorat atteint sa maturité vers l’âge de 5 ans. Pendant la cuisine, lors de balades, des jeux olfactifs comme le livre des odeurs, la préparation des petits pots avec des odeurs différentes, le fait de sentier des fleurs, etc., peuvent se mettre en place afin de l’aider à développer ce sens. On peut aussi lui présenter des herbes sèches et des herbes fraîches, lui faire le jeu du « j’aime ou j’aime pas » dès que son langage le permet, pour l’aider à explorer ses goûts.


Le développement psychomoteur par le jeu

Le développement psychomoteur enveloppe la motricité globale et la motricité fine. De ce fait, selon Jean Piaget, le jeu développe les capacités motrices. Par exemple, le jeu symbolique amène l’enfant à manipuler des objets stimulant sa motricité fine. Les jouets moteurs proposés aux enfants permettent également de développer la motricité globale tels que la marche, les sauts, la coordination motrice, etc.

Le porteur est un jouet d’éveil emblématique, encourageant la motricité libre. L’enfant peut expérimenter ses appuis, prendre conscience de son corps dans l’espace qui l’entoure, avancer, reculer, tourner… Avec le porteur, le petit développe son sens de la coordination, sa musculature, ses jambes. La confiance en soi se renforce pareillement ainsi que l’autonomie, l’enfant pouvant se déplacer seul, sans ses parents. 

Le jouet à tirer est également un bon outil pour développer la marche de l’enfant et sa motricité en général, particulièrement la motricité fine. En effet, il faudra que l’enfant utilise ses doigts pour tirer, pousser, agripper, le jouet afin de le faire avancer. À quatre pattes, debout, en forme de chien, de poule, de camion, ce jouet accompagne bien la période du petit au début de l’apprentissage de la marche.


L’importance du jeu dans le développement affectif, intellectuel et social de l’enfant

Le développement affectif et social de l’enfant

Comme nous l’avons vu, le jeu consolide le développement affectif et social de l’enfant. C’est à travers le jeu que l’enfant développe sa confiance en lui, en ses compétences. Il rejoue également les scènes de la vie quotidienne grâce aux jouets qui lui sont proposés. Ces mises en scène lui permettent d’intégrer les émotions qu’il a vécues en prenant de la distance par le jeu.

Le jeu est aussi créateur de liens affectifs avec son entourage. En effet, par le jeu, l’enfant est amené à avoir des interactions avec les autres enfants et adultes, à communiquer avec eux. Il commence à exprimer ses envies, tout en écoutant celles des autres. On utilise le jeu pour travailler sur la confiance en soi. À travers le jeu, le petit développe des fonctions cognitives, car il doit réguler ses émotions et apprendre peu à peu à s’adapter dans les relations sociales. Ces notions, indispensables dans son développement affectif et relationnel (être en société), ont été mises en évidence par Wallon, Piaget et Vygostki lorsqu’ils parlent du jeu comme un monde social. 

Le jeu est également important pour apprendre des règles, apprendre à vivre ensemble, à coopérer. Prêter ses jouets, partager son matériel, le ranger. C’est tout un processus qui permet à l’enfant de découvrir comment résoudre des conflits et négocier avec les autres. Enfin, le jeu est un excellent outil pour coopérer avec le tout-petit et lui faire des demandes ludiques plutôt que des injonctions. Pour motiver l’enfant lors des promenades ou pour venir faire sa toilette par exemple, entrez dans son monde fantastique en l’invitant à s’imaginer sur un cheval ou une moto. Sa motivation reprendra de plus belle comme l’explique Piaget dans sa théorie du jeu symbolique.

Le développement intellectuel de l’enfant

L’enfant va aussi évoluer intellectuellement grâce au jeu. Le fait que le jeu soit associé au plaisir et que tous ses sens soient sollicités permet au cerveau du tout-petit une connexion de neurones conséquente et donc un développement de son intellect. La pensée, la créativité, la résolution de problèmes sont autant de compétences renforcées par le jeu. Un simple carton peut en effet devenir un camion ou un avion.

Le jeu renforce par ailleurs l’apprentissage du langage. En jouant avec les autres enfants, en se construisant un monde imaginaire, l’enfant apprend de nouveaux mots, exprime de plus en plus clairement ses idées et se fait comprendre par les autres enfants, notamment les plus grands que lui.


L’importance des jeux adaptés à l’âge de l’enfant dans son développement

Entre 1 et 2 ans : le partage des découvertes avec l’adulte

Entre 1 et 2 ans, un enfant apprécie partager ses découvertes avec l’adulte. Il pointe, montre ou offre des jouets. Les chatouilles, les jeux de coucou/caché sont des jeux qui l’amusent tout particulièrement. À cet âge, son intérêt pour les autres enfants reste modéré et il n’est pas prêt à partager ses jouets.

Au cours de cette deuxième année, il apprend de nouvelles façons de se déplacer et teste son équilibre. Il manipule aussi les objets de manière plus complexe. Il est capable de lancer des objets, de fermer ou d’ouvrir des boîtes, de tourner des éléments. Il peut commencer à gribouiller avec de gros crayons, construire des tours à l’aide de blocs ou insérer des objets dans des espaces. Imiter est par ailleurs instinctif à cet âge. Il s’amuse à faire semblant : comme servir une boisson dans un verre ou habiller une poupée.

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Entre 2 et 3 ans : l’âge des défis

Entre 2 et 3 ans survient le jeu parallèle. L’enfant de cet âge joue à la même activité que son ami à côté de lui, sans toutefois être en réelle interaction avec lui. Il joue encore assez seul, mais aime que d’autres enfants l’entourent. Il apprécie observer les jeux des autres enfants et reste attentif à la réaction des adultes autour de lui. Il aime tout particulièrement jouer à cache-cache ou aux jeux de poursuite. C’est aussi l’âge des défis, comme celui de franchir des obstacles en les contournant, en passant au-dessus ou dessous.

Sa motricité étant plus fine, il peut aimer jouer au ballon, aux quilles et commencer à utiliser une bicyclette sans pédales ou une trottinette. Il dessine mieux, peut enfiler des petites perles sur un fil, manipule des poupées articulées. Il aime reproduire des habitudes quotidiennes : faire manger ses poupées, endormir ses peluches, nommer ses jouets… C’est le moment de réaliser de petits ateliers créatifs avec lui, comme, par exemple, pour confectionner des masques de carnaval.

jeux d'imitation chez les enfants

Chaque enfant est différent grâce à ses affinités avec certains domaines de jeux. À nous, accompagnateurs, de l’observer et de lui proposer un univers épanouissant selon ses envies.

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